MONSIEUR JOSUE GUEBO PARLE POINGS D'INTERROGATION
Dédicace
officielle de
Bonjour chez vous, alors comment allez vous? Aujourd'hui c'est lundi. Je ne suis pas du tout du lundi. Pour dire que généralement les lundis, je laisse ma tête sous l'oreiller. Mais vous retrouver m'aide à garder le sourire.
Je suis Malicka Ouattara, étudiante, scénariste, conceptrice rédactrice stagiaire, et auteur. Oui à dire ainsi c'est impressionnant, mais je suis loin de mon véritable potentiel.
Cela dit, je suis auteur d'un receuil de nouvelles, dénommé LE FILM D'UNE VIE. J'ai eu ce premier bébé il y'a de cela deux ans. Cette année j'ai eu la chance de voir mon nom à côté des noms de 4 merveilleux auteurs ivoiriens. Ensemble nous avons donné naissance à POINGS D'INTERROGATION.
« Poings d'Interrogation »
Villa KIYI, Riviera II
Présentation du livre
Par
Josué GUÉBO
Président honoraire de l’Association des Écrivains de Côte
d’Ivoire
Bonnes gens du monde des lettres,
Bonnes gens du monde de la Culture,
Le poing, on le sait, est formé de
l’union des cinq doigts. L’auriculaire, l’annulaire, le majeur, l’index et le
pouce. Pour forger le poing, les doigts n’ont pas seulement besoin de se mettre
coude-à-coude, il leur faut aussi se replier sur eux, dans une géométrie de
l’introspection. C’est de cette conjonction salutaire – de l’union et de l’introspection – que le
poing est susceptible de porter un coup de pinceau capital à la toile de
l’humanité et de l’histoire.
Il n’est donc pas surprenant que la collecte de nouvelles que nous saluons ce soir
ait choisi de naître sous les auspices et la
symbolique du poing.
Notons qu’ici le poing est pluriel. C’est une leçon de persévérance,
d’endurance et de persistance. Un seul poing ne suffit pas toujours à faire
tomber l’adversaire. Dans le pugilait de la vie, il faut parfois apprendre à
discipliner ses coups et à ne les donner qu’au bon rythme, à la bonne dose et
surtout à la bonne cadence !
Pour faire le point sur ce livre au bon empoint je n’hésiterai point
à le présenter en cinq points. Comme la main, ce recueil a cinq doigts. Essie Kelly, Yehni Djidji, Malicka Ouattara,
Cédric Marshall Kissy et Yahn Aka
Cédric Marshall Kissy, c’est l’auriculaire,
Essie Kelly, l’annulaire, Yahn Aka, le majeur, Malicka Ouattara, l’index et
Yehni Djidji, pour des raisons de morphologie contextuelle, le pouce ! Poussons,
donc la symbolique allègrement pour engendrer un monde meilleur !
Nous avons parlé de poings au pluriel.
Le recueil Poings d’interrogation en a deux. C’est-à-dire que le livre
s’articule en deux axes principaux dont le premier s’intitule mots édentés et
le deuxième Douleurs aphones.
Dans
« Mot édentés », le poing s’ouvre sur une morsure virulente. L’auriculaire
de Kissy peint le tableau amer d’un hôpital en grève. Oui le poing ici se lève
pour protester contre le serment d’Hippocrate jeté aux oubliettes. La grève se
mue en crève et l’auriculaire le note dans une averse de larmes révoltées.
Mais qu’en pense l’annulaire d’Essie
Kelly ? Il pense et dit sur le ton d’un texte polyphonique les dédales et
méandres d’un amour polyandrique.
L’annuaire d’Essie Kelly ne nous dit pas si l’héroïne de la nouvelle a
cinq amants, comme les doigts d’une main. Mais pour sûr, la samaritaine que décrit Kelly est un beau prétexte permettant à l’auteur de rappeler à notre bon
souvenir ce que les uns appelleraient le Karma, les autres la responsabilité
individuelle.
Essie Kelly interroge : le mal que nous faisons reste-t-il
impuni ? Y a-t- il une morale de l’histoire ? Autant de questions qui
frappent du point sur la table de notre conscience.
Mais de quoi nous parle le majeur Yahn
Aka, si ce n’est du complexe du paon et donc du rejet de l’orgueil ? Sur
les pages du majeur se joue une bagarre entre tenants du monde matériel et
défenseur de l’univers idéel. Les arguments ne manquent pas pour montrer la
suprématie de l’idée sur la matière, mais bientôt les arguments de la force ont
raison de la force des arguments. La langue de Sinvouê l’idéaliste est
tranchée, non pas d’un coup de poings, mais d’un coup de couteau. Comment alors
ne pas mettre le mal à l’index ?
Avec Malicka Ouattara, c’est le mal qui
est mis à l’index sur le ton de la confession. Nous l’avons dit, le poing se
forme par l’introspection des doigts. Une femme parle, se dévoile, se dénude
devant celui qu’elle croit être un prêtre mais la chute de la nouvelle est
belle comme un uppercut de vainqueur ! En somme un beau jeu d’index qui
fait un appel du pied au pouce de Yehni Djidji. L’écrivaine, pour sa part, nous
ramène à l’esprit l’image de drames à la fois intimistes et sociaux. Une
parenthèse sanglante pointe aux commissures du poing : avril 2011. Une
année à gueule de tueuse, c’est la messe et la kermesse des heures mesquines.
Heureusement, le soleil pousse à
l’horizon comme une graine d’espoir plantée dans le cœur du pardon. C’est de
résilience que parle le pouce, c’est de renaissance que bruit la voix de Djidji.
Dois-je alors vous parler de « Douleurs
aphones », de la Symbolique de la
bouche, champ lexical de la dégustation ?
Vais-je vous dévoiler le deuxième pan
du livre ? Eh bien non ! Je garde le poing bien fermé. Rien ne
filtrera du poing de mes lèvres. Je vous laisserai ainsi découvrir par vous-même
les trésors que referme le second pan du poing.
Je terminerais cette brève présentation
en vous rappelant que dans un poing, les doigts n’ont pas la même taille, mais
comme chacun le sait, les doigts les plus petits sont souvent les plus
efficaces. Comme vous le savez, en
littérature, comme en bien d’autres domaines,
ce n’est pas la taille qui compte, c’est la dextérité !
En tout cas aux auteurs de ce soir, je
dis en Anglais Take my five, ou si vous le préférez, je le dis à l’Ivoirienne
« Prenez mon Gbo » !
Prenez ma main et que votre beau poing
soit un beau coup multidirectionnel direct, circulaire, remontant, descendant
de sorte que dans les consciences
vos frappes se réalisent sous différents plans : crochet, semi-crochet,
uppercut, semi-uppercut, bolo punch !
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