Ne brûlons pas les étapes !

 C'est le cœur en morceau que j'écris ces mots. Je suis tellement perturbée et effrayée que je ne sais à qui les adresser.
Monsieur j'aimerais vous parler de mon pays. Sans chercher à vous émouvoir ou vous baratiner avec de grands mots, j'aimerais simplement vous parler de mon pays.
A l'école l'on m'a fait apprendre par cœur et réciter de nombreuses fois ces mots : La Côte d'Ivoire est située en Afrique de l'Ouest entre le tropique du cancer et l'équateur. Elle compte environ 17.000.000 d'habitants et sa superficie est de 322. 462 km. Sa devise est Union Discipline travail. La Côte d'Ivoire est représentée par l'éléphant.

Oui Monsieur l'école m'a appris des choses sur mon pays. Mais laissez moi vous dire ce que je sais de lui et surtout ce que je ressens pour lui. Je suis née sur cette terre que j'aime affectueusement appeler ma terre d'Ivoire. J'aime mon pays, quand j'en parle je me sens heureuse d'avoir un chez moi. Une terre mienne, qui m'a vu naitre et grandir. L'école m'a aussi dit que j'étais l'avenir de ce pays, depuis lors je sens en moi ce devoir d'aimer et de participer au développement de ma terre mère.

Cependant Monsieur, voyez vous j'ai toujours été nul en histoire, en géographie, en politique et en économie. Moi je regarde avec mes yeux et j'analyse ce que je vois. Depuis petite j'ai vu mon pays en trouble. A 5 ans déjà j'ai vu mon pays en guerre. Je ne comprenais pas ce qui se passait et d'ailleurs je ne saurai vous dire ce qui c'était passé. Je sais toutefois que tout le monde vivait dans la peur et que la radio était l'oreiller des miens, car ils ne voulaient rater aucune information.
J'ai appris à aimer mon pays malgré ses instabilités. Entre grèves, marches, soulèvements et j'en passe. J'ai suivis cet enchainement de maux jusqu'à vivre la plus récente crise de 2010.

Ma Côte d'Ivoire a souffert de voir ses enfants mourir sur son sol. Mon pays a souffert de l'amour que vous lui portez. Et par vous, j'indexe tous les politiques. Car c'est bien par amour pour la patrie que vous voulez le pouvoir? C'est bien parce que vous voulez le meilleur pour elle que vous avez tous mené ces combats ?

Madame, vous aussi écoutez moi vous parler de mon pays ! Ce pays que j'aime et que j'ai vu souffrir depuis plus de deux décennies. Aujourd'hui l'on parle d'émergence. On me dit que mon pays sera un pays Émergent. Mais madame je suis une analphabète s'il vous plait expliquez ce mot qui sort de votre bouche avec tant de facilité.

L'émergence se fera t-elle sur ce corps souillé, blessé et dont les plaies ne cicatrisent pas? L'émergence se construira sur la faim des fils de la Côte d'Ivoire? Comment une mère, peut vouloir partir vers Eldorado en laissant derrière elle ses enfants affamés et sans sécurité ? C'est cela l'émergence que vous nous promettez ! Car pendant que vous parlez Émergence, nous ivoiriens, nous mourrons dans les hôpitaux, nous ivoirien peinons à manger à notre faim tant la vie coûte chère. Nous perdons de l'argent sur les routes, à cause des embouteillages monstres qui boivent l' essence dont le prix balance toujours entre la hausse et la hausse ! On souffre de liberté d'expression quand nos journalistes sont enfermés pour avoir parlé trop juste ! Nous mourrons dans les mains de vos protégés, LES MICROBES !

Oups pardon comment voulez vous qu'on nomme ce fléau ? Enfant en conflit avec la loi ?
Arrêtez ! On ne veut pas être émergent, on veut pouvoir soigner nos maux avant de penser émergence ! On a que faire de cette émergence qui profite à vos semblables pendant que l'Ivoirien "lambda"meurt !

Vous savez Monsieur et Madame  ? J'ai fais un rêve, dans ce rêve j'étais devenue apatride ! Oui, vous aviez vendu l'éthique et la terre de mon pays petit à petit au point où, nous, ivoiriens, n'avions plus de place sur notre terre, ÉMERGENCE !

J'ai vu des gens dire que tous ces maux étaient vivants hier et que vous n'y êtes pour rien.  Soyons sérieux ! Quand on critique quelque chose, on apporte des SOLUTIONS, de vraies ! On n'empire pas la situation, on ne brûle pas les étapes pour aller à L'Émergence. Devons nous être les dommages collatéraux de ce succès ?  Nos prisons ne sont pas assez grandes pour y enfermer vos enfants en conflit avec la population? Pourquoi ? Et comment osez vous laisser ce fléau découper, tuer, violenter la population? Pourquoi laissez vous mourir les gens dans les hôpitaux ? Pourquoi l'on jette nos journalistes en prison pendant que ces tueurs en série prennent du beau temps au soleil? A qui profitent tout ce sang ? Votre émergence se construit comment si nombre de diplômés "lambda" peinent à trouver un stage? Les promesses sont belles et vaines monsieur,  à quand les actes transparents et concrets?

Je ne suis d'aucun bord politique, je ne compare en rien les méthodes de gouvernance, je suis une ivoirienne qui n'a qu'une seule nationalité.  Un seul pays, la Côte D'Ivoire. J'aime mon pays. Je l'aime comme on pourrait aimer un homme ou une femme. Comprenez, je n'ai qu'elle comme terre ! Et si je suis sur cette terre d'Ivoire c'est pour la voir prospérer dans la paix et l'union.

Dois je citer toutes ces personnes tuées à cause de ces maux ? Awa Fadiga, Claudia Abogny et toutes ces personnes dont le décès lâche est passé silencieux ! Dois je partager ici les images du sang versé ? Des corps décapités? Par respect pour les victimes, pour les familles et pour vous même j'éviterai de vous faire regarder ce que vous refusez de VOIR !

Je sais que la vie n'est pas un film, mais Monsieur, prenez exemple sur cette phrase célèbre des films d'Amérique: " On ne négocie pas avec les terroristes.   Qu'attendez vous ? Qu'une guerre entre la population et les microbes commencent? Vous attendez un soulèvement de notre part pour réagir ? On vous appelle Autorité compétente c'est le lieu de le prouver Monsieur.

Monsieur, je ne vais pas vous prendre plus de temps, mon raisonnement est peut être idiot mais sincère. On ne veut pas l'émergence, on veut pourvoir être en sécurité chez nous et manger à notre faim, se soigner, aller à l'école, apprendre et être un avenir solide pour notre pays. C'est cela les bases du développement, de l'ÉMERGENCE.